Meurtre à la mosquée
Chapitre 8
Dans la voiture, de police qui la ramène chez elle à
Gatineau, Stéphanie Aubut repense à sa matinée. Elle sait qu’elle devra revenir
demain ou après-demain pour donner un coup de main à la police dans cette drôle
d’histoire de meurtre dans une mosquée. Quand elle racontera à son conjoint
Antoine ! Ça va faire la une des journaux
c’est sûr ! Effectivement, le soir même, il y aura un reportage au
téléjournal local; elle y verra Roxanne faisant une déclaration devant le poste
de la Sureté du Québec, mais elle n’en apprendra pas beaucoup plus que ce qu’elle
sait déjà.
Mains pour l’instant, comme elle l’a fait avec
Stéphanie, Roxanne raccompagne Nawaz Zardai à la sortie après lui avoir fait
signer sa déclaration.
-Merci de votre aide monsieur
Zardai. Nous vous recontacterons très probablement.
-C’est épouvantable pour la communauté musulmane !
Déjà qui nous sommes visés chaque fois qu’il y a un attentat terroriste quelque
part dans le monde, maintenant le gens vous dire de nous que nous sommes des
assassins sanguinaires !
Au-delà de la porte vitrée, sur
le parvis du poste de poste de police, la foule s’est dispersée. Roxanne voit
quelques petits flocons de neige pesants voltiger tranquillement jusque sur le
perron.
-Avez-vous besoin qu’on vous
raccompagne chez vous ?
-Non, je suis venu avec ma
voiture; elle dans le stationnement.
-Rappelez-nous si vous vous
rappelez de quoi que ce soit de différent, de suspect, d’incompréhensible. Quelque
chose d’inhabituel qui se serait passé durant la prière de vendredi. Des fois
les souvenirs prennent quelques jours à revenir à la surface.
-Bien.
-Vous êtes libre de circuler
comme bon vous semble; mais rappelez à votre imam qu’il ne peut quitter la
ville sans nous en avertir.
-Bien je lui répéterai.
Roxanne ouvre la porte en lui
serrant la main. Il s’esquive. Quelques journalistes vont encore le pied de
grue.
-Pour l’instant, nous n’avons rien
de nouveau à ajouter. Nous avons identifié la victime, sa famille a été prévenue;
c’est un homme d’affaire de la communauté musulmane du nom de Amir Mawami. Nous
pouvons dire qu’il s’agit d’une mort violente, mais une autopsie sera pratiquée
pour déterminer la cause exacte.
Vif comme à l’accoutumée, Simon-Pierre Courtemanche
lui demande : « Et quel serait le motif de ce meurtre ? »
-Comme vous pourrez vous en douter, il est encore
beaucoup trop tôt pour répndre à cette question. Toute le pistes sont à
explorer.
-Est-ce que l’imam est considéré
comme suspect ?
-Non, actuellement, il est
considéré comme in témoin important mais il n’est pas suspect. Nous l’avions
détenu simplement en attendant la venue d’une interprète qualifiée. Nous l’avons
relâché une fois sa version des faits recueillie. Maintenant excusez-moi... Mais
avant je veux bien sûr lancer un appel à la population en disant que toute
personne croyant être avoir une information qui permettrait de faire avance l’enquête,
toute personne du quartier, par exemple, qui aurait vu quelque chose de suspect,
vous êtes priés de nous contacter, en toute confidentialité, bien sûr.
Paul a convoqué une
réunion dans son bureau pour faire le point. Il y a là déjà Isabelle et Turgeon,
Félix de son prénom, ainsi que Yannick, l’expert en informatique de l’équipe et
finalement les agents Charles Gazaille et Victor Petitclerc, qui ne sont pas de
l’équipe criminelle spécifiquement mais qui sont présents probablement parce qu’ils
sont de service cette fin de semaine. Sans plus attendre Paul commence son
exposé :
-Vous êtes au courant qu’il y a eu ce qui
ressemble à un meurtre dans la mosquée de la ville. D’après les premiers examens le crime a eu lieu entre sept
et huit heures. Malheureusement à cause des tergiversations de l’imam on n’a
pas pu relever beaucoup de traces. Il y avait du sang sur une bonne partie de
la scène du crime et ses environs. Le relevé d’empreintes n’a pas étant concluant,
non plus. C’est un
événement tout à fait nouveau pour plusieurs d’entre nous. Je vous dire que
dans cette enquête nous avancerons souvent en terrain inconnu. Félix, je sais
que demain est un jour de congé,
mais j’aimerais bien que tu trouves tout ce que tu peux trouver sur Amir Mawami.
On sait qu’il a in commerce, il faudrait explorer cette piste, ce qu’il vend,
ses filières d’approvisionnement, sa clientèle, ses comptes. Quels ont été ses
déplacements depuis deux ans, ses voyages d’affaires ? Quels sont ses associés
? Ses fournisseurs ? Yannick tu l’aideras en fouillant à fond ses ordinateurs.
Il faudra aussi fouiller les ordinateurs de la mosquée et du Centre culturel.
Je te signerai les mandats nécessaires. Et il y aussi la famille. Comment
sont-ils arrivés ici ? Par quels chemins ? Pour quelles raisons ? Y a-t-il des
antécédents judiciaires ? Il faut se renseigner sur les fils, et les filles,
les écoles fréquentés, leurs emplois, leurs revenus, leurs réseaux d’amis. Toi
Isabelle tu t’en occupes; prends Charles avec toi... Ah oui, il faudrait aussi faire un appel
auprès de tous ceux qui étaient là ce soir-là dans la mosquée. Je ne crois pas
qu’on obtiendra quelque chose, mais les femmes qui sont en haut dans le balcon,
peut-être l’une d’elles a vu quelque chose. C’est pour toi Roxanne. Il faudra
aussi rendre visite aux maisons voisines. Est-ce que quelqu’un aurait vu
quelque chose ?
-Il y a aussi le fait que la
mosquée est située devant les Galeries de la Rivière.
-Chercher des témoins parmi les
clients du Centre d’achat ? Ça s’est passé un vendredi soir… Ça fait beaucoup de
monde qui va et vient, qui entre et sort. Mais bon, oui, on peut lancer un
appel à la population… Pour l’instant il y a deux hypothèses : premièrement
quelqu’un serait rentré par la porte d’en arrière avec possiblement l’intention
de commettre un vol ou une agression. Mais comme il n’y a aucune trace
d’infraction, il pourrait y avoir eu un complice qui a ouvert la porte de l’intérieur
ou alors c’est que la porte était déjà ouverte.
-Ou bien, cette personne a cogné
et la victime lui a ouvert; donc, ils se connaissaient.
-Deuxième hypothèse : il s’agirait de quelqu’un
qui était déjà dans la mosquée,
quelqu’un qui assistait à la prière du vendredi, qui aurait vu sortir Amir Mawami
et qui l’aurait suivi dans son bureau pour l’agresser, tout vraisemblablement
avec une sorte de poignard ou de couteau. On peut supposer que Amir Mawami est
parti tout bonnement dans son bureau comme il le faisait tous les vendredis
pour compter l’argent et faire ses comptes et que son assassin l’attendait ou
alors l’a suivi.
-Ou alors cette personne était déjà dans le bureau et
l’attendait.
-Ou même caché dans un des locaux du Centre culturel.
-Il faudra vérifier si ces locaux demeurent
verrouillés. En tout cas, ce qui est à peu près sûr, c’est qu’il n’a pas été
surpris de le trouver là. Il le connaissait. Mais qui aurait quitté la
« chapelle » après lui, c’est ce le témoignage des gens présents à la
mosquée devraient nous aider à découvrir.
-En autant qu’ils ne cherchant pas à se protéger mutuellement…
-C’est vrai… Dans tous les cas, parce qu’il n’y a pas
de trace de lutte, la victime connaissait son assassin. L’arme du crime, est
probablement un long poignard d’environ dix centimètres. Il a été attaqué par
en avant, comme s’il faisait face à son agresseur. Il ne semble pas s’être
défendu. Il semble qu’il n’a pas crier non plus. Donc, oui autre indice qu’il
connaissait son agresseur. Pour l’instant n’a pas retrouvé l’arme du crime.
Quant au mobile, on nage ici aussi dans les suppositions. Le vol ? L’assassin
serait alors retourné dans la chapelle son crime fait ? Je ne crois pas. Il y a
la porte de secours au bout du couloir qui ne s’ouvre que de l’intérieur. Il a
très bien pu s’esquiver le crime fait avec son butin, ni vu ni connu; le soir
tombait, tout le monde était à l’intérieur. Il faut essayer de trouver si
quelque chose a été volé. Et aussi trouver les états de comptes. Ou alors c’était
prémédité : la vengeance, un affaire commerciale, ce serait relié au terrorisme
international.
-On ne va pas un peu trop loin ?...
-On ne peut se permettre de négliger quelque
piste que ce soit.
Une fois tout le monde parti.
Roxanne s’attarde dans la bureau de son père :
-Alors, maintenant, vas-tu me dire ce qu’il y a ?
-Quoi ? Qu’est-ce que tu veux
dire ?
-Je veux dire que tu n’es pas dans
ton état normal ! Tu bourrasses tout le monde; tu n’as pas été très aimable
avec Stéphanie Aubut, l’interprète qui nous sera indispensable; tu t’es débarrassé
des conférences de presse, et cetera, et cetera… Est-ce que tu t’es dispusté avec Juliette ?
-Non, non, ça va très bien avec
Juliette; c’est juste que… c’est tout ça ! Quand je suis entré dans la maison,
j’ai vraiment eu l’impression de pénétrer dans un autre monde; il y avait des
gens partout, une décoration ostentatoire, des odeurs si fortes, des cris, des
hurlements, tout le monde qui parlait en même temps. Devant la veuve, c’était le
défoulement total. C’est une communauté que je ne connais pas du tout, tu vois,
je n’ai pas de repaire, je ne connais pas les codes. Il faut faire des
interrogatoires par interprètes interposées, à quoi ça rime ? Tout est
compliqué; c’est une communauté tissée serrée, qui va dire quoi ? Ils vont
accuser l’un des leurs pour me faire plaisir ? J’ai l’impression de ne rien
contrôler, de ne pas être maître de la situation; je suis un peu beaucoup dépassé….
-Mais, tu n’es pas seul; toute équipe est là avec toi
!
-Et puis, il y autre chose… de personnel…