Trahisons
Chapitre 3
Roxanne réagit à cette remarque de Mélissa :
-Ce que tu dis c’est que tu crois avoir vu quelque
chose ou quelqu’un qui se serait caché derrière un arbre ?
-En fait, j’ai cru voir un mouvement, mais comme je
l’ai dit le soir tombait et je n’ai rien pu distinguer de précis.
-C’est extrêmement important; il faudrait aller
vérifier sur place. Je pense à quelque chose : est-ce que tu serais
d’accord pour aller tout-de-suite au pont de la chute Albert et que tu me
montres près de quel arbre tu as cru voir quelque chose ? Peut-être qu’on
pourrait trouver quelque chose ?
Puis se tournant vers ses parents :
-Si vous êtes d’accord évidemment. J’espère que vous
n’y verrez pas d’inconvénient; vous savez, peut-être qu’il y aurait des
indices, on ne sait jamais… et vous pouvez venir avec nous bien sûr.
-Je sais pas trop… Bon, c’correct, si on peut venir
avec vous, alors ça va.
-Je vous promets qu’après ça, ce sera tout.
-Oui, on va venir; on va le faire pour Joannie.
-Merci, j’apprécie beaucoup .Ça ne te dérange pas
Mélissa ? La moindre petite chose pourrait nous aider à retrouver Joannie, et c’est
toi qui m’as demandé de la retrouver, n’est-ce pas ?
-Bon, bon, allons-y; je vais vous montrer.
-Mais juste avant, juste une dernière question. Tu dis
que vous vous êtes quittées vers 7h45…
-C’est ça, oui.
-Et tu es revenue ici directement ?
-Oui.
-Donc tu as
marché depuis le pont de la Chute Albert jusque chez toi…
-…Oui, comme d’habitude.
-Et sur le chemin du retour, tu n’as croisé personne ?
-Non, personne.
-Tu n’as vu personne ? Il n’y avait personne d’autre
sur le chemin ? Une voiture, par exemple, ne serait pas passée, dans un sens ou
dans l’autre ?
-Vous savez, il y a peut-être bien eu une voiture qui
est passée, mais je ne m’en souviens pas.
-Tu ne te souviens pas si une voiture serait passée… Ça prend… Combien ? Une vingtaine de minutes
pour revenir jusqu’ici à pied, et pendant ces vingt minutes, tu n’as vu aucune
voiture ?
-Je ne sais pas… Je vous dis que je n’ai pas fait
attention. Je pensais…
-Tu pensais…. Tu pensais à quoi ?…
-J’pensais à toutes sortes d’affaires… Mais en même
temps j’pensais à rien de particulier.
-OK, ce n’est pas grave; l’important est que tu n’as
pas vu de voiture. Tout ce que tu peux nous dire nous aide, tu sais. Et après
ça, en rentrant ici, ça devait être vers huit heures, ou heures dix…
-Oui, à peu près.
-Qu’est-ce que a fait en entrant ? Tu as parlé à
quelqu’un ?
-Je suis montée dans ma chambre; j’ai chatté un peu et
je me suis mise au lit. Rien d’autre.
-Très bien. Et c’est le lendemain, samedi, vers 11
heures que la mère de Joannie, Madeleine Roy, a téléphoné pour avoir des
nouvelles de sa fille ? Elle t’a appelé sur ton cellulaire ?
-Oui, mais je lui ai dit la même chose que je vous ai
dite : que Joannie et moi on s’était rencontrées au pont puis qu’on était
parties chacune de notre côté.
-Comment elle a réagi ?
-Elle avait l’air inquiète, mais je savais pas quoi
lui dire. Quand elle a rappelé en après-midi, là elle avait vraiment l’air en
panique; elle avait appelé tout le monde, tous nos amis, et elle n’avait aucune
nouvelle.
-Alors tu t’es rendue chez elle ?
-Oui; ils avaient appelé la police qui ne pouvait rien
faire. Alors on a fait un message sur Facebook, des choses comme ça. On est
même allés au pont et on l’a appelée, mais ça rien donné. Vers l’heure du
souper, je suis revenue à la maison.
-Oui, la suite, je crois que je l’a connais… On va à
la chute maintenant…
Roxanne et Turgeon sortent de la maison suivis de
Mélissa avec ses parents qui se dirigent vers leur voiture.
-Si vous le permettez, monsieur Lemieux, je vous
demanderais de me suivre. Mélissa, voudrais-tu monter dans ma voiture ? Tu
pourras nous guider comme ça.
-Si vous voulez.
-Merci, Mélissa; viens, monte en arrière.
Après un court trajet d’un kilomètre :
-Voilà le pont, juste en avant !
-OK, on va s’arrêter ici, à bonne distance.
Turgeon arrête la voiture; Roxanne sort et se retourne
vers les parents de Mélissa qui se sont aussi arrêtés :
-S’il vous plait, je vais vous demander de rester ici,
un peu à l’écart. Mélissa, montre-moi où tu étais quand tu attendais Joannie,
vendredi soir.
-J’étais ici appuyée sur le rebord du pont…
-Et qu’est-ce que tu faisais ?
-Rien, je faisais juste regarder la chute.
-Alors place-toi comme tu étais, tu veux bien ?…
Voilà… Et là Joannie est arrivée de l’autre côté en provenance du village, et
elle t’a appelée. C’est ça ?
-Oui…
-On va demander à l’agent Turgeon d’aller se placer à
l’endroit où elle était… Est-ce que c’est là ?
-Un peu plus loin… Là, c’est bon.
-Donc à ce moment-là elle t’a appelée et tu as tourné
la tête vers elle, comme ça, et en te tournant vers elle tu as possiblement vu
quelque chose ou quelqu’un se dissimuler derrière un arbre. Peux-tu nous dire lequel
? Montre à l’agent Turgeon lequel c’était.
-Lui, le grand, en arrière… Non, un peu plus loin.
Oui, c’est ça ! C’est lui.
-Tu en es vraiment sûre ?
-Oui, j’en suis sûre, c’est cet arbre.
-OK. Merci beaucoup, beaucoup, Mélissa; tout ça va
nous aider énormément. Tu peux t’en retourner avec tes parents maintenant.
Merci à vous aussi; j’apprécie grandement votre collaboration... Bon voici ma
carte, Mélissa; si jamais tu te souviens de quoi que soit d’autre, même les
plus petits détails, n’hésite pas à me rappeler. Tout ce que tu pourras nous
dire nous aidera à retrouver ton amie Joannie.
-OK. Vous allez la retrouver, n’est-ce pas ?
-Certainement…
La jeune fille s’éloigne avec ses parents. Une dernière
fois Roxanne la rappelle :
-Au fait, Mélissa… tu ne m’as pas dit en quoi vous
vouliez vous déguiser pour l’Halloween, Joannie et toi ?
-Quoi ?... L’Halloween ? Heu… on n’avait rien décidé
vraiment; peut-être en momies ou en fantômes.
La voiture s’éloigne. Sur le chemin du retour, Mélissa
et ses parents n’échangent pas un mot, mais sa mère de Mélissa reste particulièrement
silencieuse; elle regarde en avant le visage fermé. Pourquoi ?... Pourquoi ma fille a-t-elle menti ?
-Alors ?... Où est-ce que ça nous mène ? Pourquoi cette
petite mise en scène ?
Turgeon est revenu près de Roxanne.
-Pourquoi lui avoir demandé de monter dans la voiture
? Ce n’était pas vraiment nécessaire…
-Je sais bien. Mais tu as du voir comme moi que
quelque chose ne tournait pas rond entre Mélissa et ses parents. Je voulais
éviter autant que possible qu’ils se parlent dans la voiture, qu’ils fassent
tout dérailler. Et je voulais voir jusqu’où elle irait dans ses… fables, avant
de s’enfarger.
-C’est sûr qu’elle n’a pas dit toute la vérité… Sur
plusieurs points… On va voir près de l’arbre en question ?
-Oui; je ne sais pas si on va trouver quelque chose,
mais allons y jeter un coup d’œil. Ensuite nous irons voir cet Alexandre,
Alexandre Desjardins, le petit ami éconduit la journée. Mon petit doigt me dit
qu’il se pourrait fort bien que ce soit qui s’est retrouvé derrière cet arbre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire