lundi 24 avril 2017

Un lieu de repos
Chapitre 4

                Alors que sœur Gisèle le faisait pénétrer dans le monastère des SNMJ, Paul avait jeté un coup d’œil autour de lui et avait rapidement il lu les titres de l’affiche en grandes lettres rouge qui annonçait les services offerts : Le gîte du pèlerin : lieu parfait lieu de repos et de ressourcement.
                -En effet, avait-il souri intérieurement, pour ces deux personnes, c’est devenu le lieu du repos éternel.
                Tous l’endroit était en pleine effervescence; devant la porte centrale pensionnaires et religieuses guettaient les gyrophares sans oser aller grossir la foule des curieux; on discutait ferme, on faisait des commentaires à haute voix, on poussait les exclamations… les suppositions allaient bon train. À la vue de sœur Gisèle les autres religieuses étaient rentrées.
                Paul regarde sœur Gisèle, l’œil interrogateur :
                -Vous dites que les deux victimes, voyons… Madeleine Chaput et Antoine Meilleur étaient des clients réguliers de vos services ?
                -Oui, en effet. Ils ne venaient pas très souvent, mais depuis quelques années ils venaient au moins une fois par année. Ils ne parlaient pas beaucoup, mais à l’une ou à l’autre d’entre nous, ils avaient raconté leur histoire, une histoire trouble de familles disloquées. Je crois que lui, avait fait de la prison; et elle n’avait jamais pu garder un emploi. Ils n’étaient pas de Plaisance; ils venaient de Gatineau mais ils aimaient notre lieu de repos. Ça leur faisait du bien de venir, il faut croire. Une chose curieuse, c’est qu’ils ne prenaient jamais de session de ressourcement; ils venaient passer une fin-de-semaine pour se reposer, pour refaire le plein.
                -Quand sont-ils arrivés ?
                -Ils étaient arrivés vendredi soir, pour une fin-de-semaine; ils devaient repartir ce matin.
                -Expliquez-moi une chose, ma sœur; tout semble laisser croire qu’ils seraient allés se promener dans le sentier, comme cous dites… et personne ne s’est aperçu de rien ? Personne ne s’est inquiété en ne les voyant pas revenir ?
                Paul voit sœur Gisèle légèrement tiquer à sa question.
                -Vous savez, inspecteur, ici, les gens sont libres d’aller et venir. La porte de devant est verrouillée le soir et la nuit, mais chaque pensionnaire a une clé de la porte de côté, celle par où nous sommes rentrés et qui donne sur le sentier. Et il ne y pas de couvre-feu commet tel; on demande seulement aux gens de respecter le sommeil, le repos de tous, et de garder le silence après vingt-heures. Nous ne faisons pas de surveillance. Ce sont des adultes après tout.
                -Est-ce qu’ils étaient là pour souper hier soir ?
                -Probablement; c’est sœur Annette qui était chargée de faire acte de présence. Nous ne faisons plus beaucoup de travail; nous avons des employés pour préparer à manger, pour prépare les chambres du centre, et d’autres aussi qui s’occupent plus spécifiquement des soins de la communauté, sans compter les personnes qui louent les locaux et qui donnent des formations.
                -Est-ce que les employés ont la clé de la porte ?
                -Non; il y a toujours une sœur qui vient ouvrir la porte vers six heures du matin.
                -Et les personnes qui offrent des sessions et des cours, est-ce qu’elles ont les clés ?
                -Non, bien sûr.
                -Je voudrais voir la chambre qu’occupaient Madeleine Chaput et Antoine Meilleur.
                -Pas de problème, suivez-moi.

                Sœur Gisèle, prend un trousseau de clés dans son tiroir et, se levant, elle invite Paul à sortir du bureau; Ils logent un couloir jusqu’à un escalier. Le bâtiment n’a un étage. Au rez-de-chaussée, se trouvent des salles de réunion meublées de chaises et équipées de tableaux; l’une d’elle est annoncée comme étant la Chapelle; à gauche de l’escalier une salle un peu plus grande qui sert de réfectoire, et plus loin c’est le bureau d’accueil. À l’étage il y a des salles de rangements et les chambres à coucher.
                -Nous avons huit chambres exactement; pour une ou deux personnes. Donc, nous pouvons accueillir au maximum seize personnes. Il y a aussi le sous-sol qui n’est pas aménagé en chambre à coucher, mais au besoin, des groupes plus nombreux peuvent s’y installer avec leurs sacs de couchage… Il y a une salle de bain avec douche à chaque extrémité du couloir principal. Nous fournissons les draps et la literie mais les pensionnaires doivent apporter leur nécessaire de de toilette. Voici leur chambre, numéro 5.
                La chambre est petite, simplement meublée. Elle est éclairée; les rideaux étant ouvert, le soleil y pénètre à fond. Le lit a été fait rapidement, on a simplement remis les couvertures simplement sur le matelas, sans border le lit. Il y a deux petites valises, l’une sur une petite table sous la fenêtre et l’autre posée par terre. Celle qui est sur la table est ouverte. C’est celle de la femme. Paul sort de gants de plastique de son sac. Il fouille sommairement dans les valises, sans vraiment rien chercher. Il ouvre les tiroirs, la porte de l’armoire; par routine, il regarde sous le lit. Il s’arrête à la fenêtre qui donne sur l’arrière, sur des champs et quelques bosquets d’arbres; on voit très bien les premières collines de Basses-Laurentides.
                -Je vais faire mettre des scellés sur la porte. Je vous demande de la refermer à clé; il sera interdit d’y entrer avant que nous ayons fait une inspection complète.
                 Il sort son portable.
                -Allo ? Turgeon ? Écoute; viens me rejoindre avec des bandes de scellés. Tu prends la porte de côté et tu montes à l’étage par l’escalier qui est à ta gauche. Je t’attends.
                -Je voudrais jeter un coup d’œil aux autres chambres.
-Mais elles sont occupées ?
-C’est vrai, mais je veux pouvoir comparer.
-Je vous ouvre la 8, il n’y avait personne, hier soir.
C’est une chambre à peu près semblable à la précédente, sauf que le lit n’est pas placé de la même façon. En effet, personne ne l’occupe.
-Ouvrez-moi aussi celle-ci, dit Paul en montrant celle qui est en face de la 7.
Paul regarde, elle est occupée; le lit n’a pas été fait le lit, mais les valises, elles, sont fermées et prêtes.
-Bien…
-Qu’est-ce que vous cherchez ?
-Rien de très spécifique. Je veux juste me rendre compte des lieux le plus exactement. Il y a eu des morts violentes, chez vous, cette nuit. Ce n’est pas rien.
-Non évidemment.
-Ah, voilà mon homme. Turgeon, tu mets des scellés sur cette porte et tu la surveilles jusqu’à ce que je t’envoie l’équipe des investigations.
-D’accord chef; mais il y a les cyclistes en bas, qui font pas mal de grabuge : ils veulent qu’on les laisse repartir.
-Bon, bon, je m’en occupe. Personne ne doit monter ici avant que l’équipe d’inspection ne soit passée. OK ?
Ils redescendent et reviennent dans le bureau.
-Les autres pensionnaires ne vont pas apprécier…
-Quoi ?
-Bien… ne pas avoir avoir accès à leurs chambres…
-Peut-être, mais c’est un cas de force majeure. Et s’ils veulent monter pour prendre leurs bagages on les accompagnera… Dites-moi, sœur Gisèle, quand Madeleine Chaput et Antoine Meilleur sont arrivés vendredi comment vous ont-ils paru ? Étaient-ils différents que d’habitude ?
-Non, ils semblaient pareils que les autres fois. Qu’est-ce que vous voulez dire ?
-Étaient-ils plus pressés ? Paraissaient-ils, l’un ou l’autre, nerveux, anxieux ? Ou inquiets, ou stressés ?
-Non, il ne me semble pas.
-Essayez de vous souvenir; fermez les yeux et revoyez-les au moment où ils arrivent; que voyait vous dans leur regard ? Essayez de vous souvenir du moindre petit détail qui aurait pu vous sembler différent ?
Après un moment, ayant fermé les yeux, sœur Gisèle répond :
-Non, je ne vois pas.
-Étaient-ils habillés de façon particulière ? Avaient-ils un objet qui pouvait sembler incongru ?
-Non, ils n’avaient que leurs valises.
-Sont-ils arrivés à la même heure que d’habitude ?
-Ça pouvait varier; ils sont arrivés pour le souper en fin d’après-midi…
-Et qu’est-ce qu’ils ont fait tout la fin-de-semaine ? Ont-ils rencontré quelqu’un ?
-Je ne sais pas; comme je l’ai dit on ne surveille pas nos pensionnaires; ils ont sûrement jasé avec les autres.
-Et hier soir; ils sont sortis et sont allés se promener ? À quelle heure sont-ils sortis ?
-Je ne sais pas… ça devait être dans les sept heures, après souper.
-Où étiez-vous ? Dans votre bureau ?
-Heu… oui, je crois; non. Le dimanche je ferme habituellement, mon bureau vers seize heures.
-Où étiez-vous cette heure-là ? Dans la cafétéria ?
-Non, j’étais être avec les autres sœurs; nous vivons dans l’autre bâtiment, c’est là que nous logeons; il est plus petit que celui-ci; nous ne sommes plus que cinq maintenant.
-Et vous les avez vu sortir pour aller se promener ?
-C’est-à-dire, que de là-bas on voit les gens qui rentrent et sortent, mais je n’ai pas fait vraiment attention à qui ça pouvait être ?
-Et les autres sœurs étaient là ?
-Pourquoi me posez vois toutes ces questions ? Je vous ai tout dit ce que je savais !
-Oui, probablement, mais tous les petits détails sont importants dans les cas de mort violente, et nous sommes en présence de deux morts violentes. L’expérience me dit que ce qui peut sembler insignifiant se révèle souvent crucial pour l’enquête. Tout ce dont vous pourrez vous souvenir aura son importance. Alors je compte sur vous.


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