Trahisons
Chapitre 21
-Alors, est-ce que j’ai bien
répondu à vos questions ?
-Qu’est-ce que vous voulez dire ?
-Ce que je veux dire, c’est que je crois vraiment que vous soupçonnez
Émile dans ce qui est arrivé à Joannie… et peut-être même que vous croyez que
je suis complice. Mais comme, il semblerait que pour l’instant vous ne possédez
pas de preuves formelles, vous avez besoin de moi, soit pour le confronter,
soit pour nous mettre en contradiction l’un l’autre… Et je veux dire aussi que
pour moi vous êtes montée dans ma voiture pour me surveiller, pour m’empêcher
de communiquer avec lui.
-Monsieur Bellavance, pour ma part je crois que vous lisez un peu trop
de romans policiers ou alors c’est que vous regardez trop de séries sur Netflix,
même si ça n’a pas l’air d’être votre genre. Si nous avions vraiment voulu vous
« empêcher » de contacter Émile Vadnais, comme vous dites, il nous
aurait suffit de vous faire monter dans une de nos voitures, point à la ligne.
Pour le reste, nous cherchons à découvrir la vérité dans le cas de la mort de
Joannie Lemieux; c’est vrai que, pour l’instant, le témoignage de monsieur
Vadnais comporte encore des zones d’ombre et c’est vrai nous vous demandons de
nous aider à éclaircir ces zones d’ombre. Cependant, pour ce faire, nous avons
besoin que ça se passe dans la plus totale confiance, sinon on arrêter tout,
tout-de-suite. Si nous ne nous faisons pas confiance, j’appelle le commandant
Quesnel et on arrête tout ! Mais sachez qu’avec ou sans votre aide, nous
découvrirons la vérité !
-Non, non ! Je vous fais confiance ! Excusez-moi, je suis un peu
perturbé par toute cette histoire; je ne sais plus très bien où j’en suis…
-Et vous n’avez pas l’habitude dans votre métier de faire face, disons,
aux autorités policières…
-C’est vrai… Nous sommes respectueux de la loi et… je n’ai jamais été
mêlé à quelque affaire judiciaire que ce soit. Tout ça est tellement…
incroyable. C’est comme un cauchemar. Et que vont penser les autres ?
-Quels autres ?
-Les autres… les membres de la paroisse, mais aussi mes supérieurs de
Montréal qui ont financé notre implantation dans la région. Ils ne doivent pas
être de bonne humeur quand il font l’apprendre.
-C’est une mauvaise publicité pour votre mouvement, n’est-ce pas ?
-C’est le moins qu’on puisse dire…
-Et vous devrez rendre des comptes.
-Oui…
-Raison de plus pour nous aider à découvrir la vérité et ainsi trouver
le ou les vrais coupables et innocenter les personnes qui n’ont commis aucun
crime.
-Vous avez raison… Voilà, ous arrivons.
Les deux voitures, celle de la Sureté du Québec conduite par Paul avec l’agent
Yannick Bourdage, et celle du pasteur Bellevance avec Rxanne s’arrêtent devant
l’immeuble où habite Émile Vadnais; c’est un simple immeuble de quatre
logements qui ne paye pas de mine, anonyme, mais tout de même bien entretenu. On
ne voit personne dans la rue tranquille, mais Paul se doute bien que bien des
gens sont là derrière leurs rideaux à regarder et à attendre la suite des
événements.
Il se tourne vers Timothée Bellavance.
-Bon, on vous laisse commencer.
-Qu’est-ce que je dois lui dire ?
-Vous lui dites que vous êtes avec la police et que vous croyez qu’il
est important qu’il réponde à nos questions… En tout premier lieu, nous avons
besoin d’examiner son téléphone cellulaire.
-Très bien, allons-y.
Il sonne. Le locataire vient entrebâiller
la porte,
-Émile ! C’est moi Timothée !
À la vue de son pasteur, Émile ouvre la porte plus grand.
-C’est moi, Émile. N’aie pas
peur; je suis avec la police, mais tu n’as rien à craindre. Ils veulent te
poser quelques questions en rapport à l’histoire de Joannie.
Émile écarquille les yeux et
même les oreilles.
-J’ai déjà répondu !
-Écoute, Émile. Il manque
quelques détails…
-Pis c’est des malins !
-Émile que dit Paul dans sa
lettre à Tite : « Rappelle-toi d’être soumis aux magistrats et aux
autorités… »
-«…d’obéir, d’être prêt à toute
bonne œuvre. » Oui, je sais !
-Alors, soyons soumis et écoutons-les;
je vais rester avec toi.
-…
-Émile, ils ont besoin de ton
téléphone cellulaire; confie-le moi.
-Alors, Joannie lui a téléphoné ? Le jour même ?
Pendant que le pasteur restait à l’intérieur avec Émile, Paul avait
remis le téléphone à Yannick, qui rapidement en avait entré les données dans
son ordinateur.
-Non… Joannie ne lui a pas téléphoné : c’est lui qui lui a
téléphoné….
-Monsieur Vadnais, pourquoi avoir
téléphoné à Joannie, ce vendredi-là ? C’était vers 8h40 elle était probablement
dans l’autobus d’école. Vous lui avez téléphoné le jour même de sa mort, il y a
de quoi se poser des questions. Pourquoi ?
-Ce n’est pas de vos affaires !
-Il y a eu meurtre; tout est de
nos affaires.
-Il s’agit de quelque chose
d’interne à la vie de l’église, vous n’êtes pas concernés; c’est une chose
seulement pour les chrétiens, et vous n’êtes pas chrétiens.
Timonthée Bellavance intervient.
-Émile, il faut que tu dises la
vérité; je sais…
-Non ! Tu sais rien ! Tu fais
rien ! Tu laisses ces mécréants se mêler de nos affaires; ils sont possédés du
démon. Déjà que tu faisais rien à Montréal c’es tla même chose ici, l’égile
s,en na nulle part avec toi…
-S’ils sont possédés du démon
c’est à la communauté de décider tu le sais. Que dit Paul en II Corinthiens 13 :
« Toute affaire se réglera sur la déclaration de deux ou trois témoins. »
Pour décider de ce point, il y a une procédure à suivre. Pourquoi l’instant, dis-mois
juste pourquoi tu as téléphoné à Joanie ce matin-là; s’il s’agit de quelque chose
qui a rapport à l’église je suis concerné.
-Elle avait quelque chose à
faire et je devais le lui rappeler.
-Qu’est-ce qu’elle devait faire
?
-Elle devait dire adieu à ses
amis; elle devait couper les ponts. C’était ça ou elle ne pouvait plus chanter.
-Pourquoi lui demander ça ?
-Il fallait qu’elle se garde pure.
Qu’elle se garde sans tâche. Que dit la Parole de Dieu dans Proverbes 7 ? Tu la
connais cette histoire du jeune homme stupide qui se laisse tenter par une
femme de débauche ! La femme est plus séductrice que l’homme. Et Joannie était
une séductrice !
-Une séductrice ? Mais envers
qui ?
-Envers les garçons, voyons
Timothée ! Toi tu ne voyais rien bien sûr; tu penses que tout le monde est
parfait ! Que dit l’apôtre en 1
Corinthiens 6,18 « Fuyez la débauche. Quelque
autre péché qu'un homme commette, ce péché est hors de son corps; mais celui
qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps ». Et puis en
Romains 13,13 : « Marchons honnêtement comme en plein jour loin des
orgies et de l'ivrognerie de la luxure et de la débauche ». Et enfin en Éphésiens
5,3 « Que la débauche, ni aucune impureté,
ni la cupidité, ne soient pas même nommées parmi vous ainsi qu'il convient à
des saints. »
-Émile, je connais tout ça, mais…
-Ben, si tu le connais, il faut
le mettre en pratique ! C’est ben beau de prêcher la sanctification, mais il
faut qu’elle se concrétise. Toi tu n’agis pas. Tu parles, mais tu n’agis pas.
Qu’est-ce que tu fais de Colossiens 3,5 : « Faites donc mourir les membres qui sont sur la
terre, l’impudicité, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la
cupidité, qui est une idolâtrie. » Ou de Éphésiens 5,3 : « Que
l'impudicité, qu'aucune espèce d'impureté, et que la cupidité, ne soient pas
même nommées parmi vous, ainsi qu'il convient à des saints. »
-Émile…
-Et surtout I Thessaloniciens,
4 : « Ce que Dieu veut, c’est votre
sanctification; c’est que vous vous absteniez de l’impudicité… Car Dieu ne nous
a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification. » Joannie, elle
devait arrêter son impudicité. Elle devait arrêter de se tenir avec des
impudiques et des débauchés; c’est ça que je lui ai dit de faire, parce que toi
tu ne l’as pas fait !
Le pasteur Bellavance, secoué, ne
sait plus quoi répondre à ces attaques. Roxanne intervient :
-Se couper de ses amis, est-ce que c’est une procédure normale dans
notre église ?
-Oui, et non; au moment du
baptême oui, il faut purifier ses relations, et on trouve dàès lors préférablement
ses amis dans l’église. Mais tout couper les liens non, non, ça c’est trop drastique.
-Pourquoi alors, monsieur
Vadnais, l’avoir demandé à Joannie ?
Pas de réponse.
-Vous vouliez l’avoir pour vous,
c’est ça ?
Pas de réponse. Au tour de Paul
d’intervenir :
-Pourquoi alors, monsieur
Vadnais, l’avoir demandé à Joannie ?
-Parce qu’il le fallait ! Lui,
il l’aurait jamais fait; il laissait tout faire.
-Vous lui avez parlé le matin
même de ce vendredi. Est-ce que nous lui avez donné rendez-vous au Pont de la
Chute ?
-Non, ça jamais, jamais ! Elle
avait donné rendez-vous à cette dévergondée de Mélissa, c’est elle la responsable
! C’est elle qui l’influençait à prendre de la drogue, à forniquer avec tout le
monde. Il fallait qu’elle arrête de la voir !
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