Un lieu de repos
Chapitre 12
L’après-midi s’achevait; la
majorité des agents de Paul étaient partis ou bien rangeaient leur matériel et
s’apprêtaient à quitter les lieux. Les curieux étaient toujours. Plus tard,
Paul nommerait une équipe de garde pour veiller à préserver les lieux pour la
nuit. Il décide aussi que poste de commandement devra rester au moins encore
deux autres jours. Un appel avait été lancé dans les médias locaux à toute
personne pouvant offrir des informations; il fallait bien passer par là, même
si c’était toujours une arme à double tranchant : pour une seule bribe d’information
pertinente il fallait en vérifier dix autres qui ne menaient à rien.
Environ une demi-heure après, Isabelle vient le retrouver avec un bol de
soupe.
-Mmmmm… Ça sent bon ! Où est-ce
que tu as trouvé ça ?
-Je l’ai simplement demandé aux
femmes qui s’occupent de la cuisine; la clientèle est partie mais elles ont
quand même préparé à manger, elles doivent au moins nourrir les religieuses.
-Tu es un ange.
-Oh, je fais ça surtout parce
que Roxanne m’a bien recommandé de prendre soin de vous pendant son congé !
Elle ne veut pas que son vieux père tombe malade, et nous, on ne veut pas que
notre « meilleur-patron-du-monde » dépérisse !
Paul prend une cuillérée de
soupe.
-Ouais… Le « meilleur-patron-du-monde »
comme tu dis, est un peu dans l’impasse. Je ne sais que penser de toute cette
histoire; vraiment, je n’arrive pas à saisir le quart-de-la-moitié-du-début d’un
commencement de motif ! Pour moi, ça ne rime à rien !
-Mais, patron, nous n’en sommes
qu’au premier jour… Ça peut prendre du temps, c’est vous qui nous le répétez
toujours. Et puis peut-être que les appels aux informations vont donner quelque
chose.
-Peut-être oui; mais tu sais ce
que c’est : il y a dix ou vingt fausses pistes qui ne donneront rien pour
un seul qui sera productif.
-Je sais, et il faut tout
vérifier.
-Mmmm, elle est vraiment bonne
cette soupe.
Paul prend le temps de la
manger. Il sait qu’il devrait appeler Juliette pour lui dire qu’il rentrera
tard, et il ne sait pas pourquoi il ne le fait pas. Les vieux réflexes d’indépendance
et d’autonomie qui reviennent au galop.
Son bol terminé, il interpelle
Isabelle :
-On va voir la chambre.
Ils se font ouvrir la porte par sœur
Annette.
-Bonsoir inspecteur !
-Il n’y pas beaucoup de monde ce soir…
-Non; les gens ont annulé leur séjour. C’est dramatique. Je reste ici
juste au cas où…On espère toutes que vous règlerez cette histoire le plus vite
possible, parce que si ça continue comme ça, on sera obligé de fermé notre
petit ermitage.
-J’espère que vous ne devrez pas en arriver là… On va juste jeter un
coup d’œil à la chambre numéro 5.
-Oui, oui; vous connaissez le chemin
-Tiens, Turgeon tu es toujours là fidèle au poste !
-Oui, patron; je n’ai pas bougé.
-As-tu pris le temps de mangé au
moins ?
-Oui, oui, je me suis fait
remplacé par Sébast à midi.
-Je suis sûr que si tu vas faire
de l’œil à la cuisinière elle va t’offrir un beau bol d’une soupe délicieuse.
-Surtout que la soupe, ça fait
grandir !
Isabelle ne peut s’empêcher de
pouffer.
-Bon, bon… Vas-y et reviens ici
quand tu auras fini. Oh, rien à signaler de la journée ?
-Non, à part l’équipe technique
qui est venue prendre les empreintes digitales et puis les gens qui sont venus
chercher leurs affaires un après l’autre; ils ont à peu près tous jetés des
coups d’œil inquiets, inquisiteurs, vers moi; un ou deux ont posé des questions,
mais peut-être juste pour la forme; je crois que la plupart étaient bien
contents de pouvoir quitter les lieux.
-Tu n’as rein remarquer de
particulier ?
-Non, ils ont pris leurs
valises. Pour certains ça allait assez vite, pour d’autres ça prenait plus de
temps; ils devaient ramasser toutes les affaires, sans doute. Mais je n’ai rien
remarqué qui aurait pu paraître suspect.
-Et les femmes de ménage ?
-Elles étaient deux; elles sont
venues en début d’après-midi, elles aussi en jetant bien des clins d’œil interrogatifs;
mais elles connaissent leur travail, ça a été assez vite. Elles se sont
concentré sur ce qu’elles devaient faire.
-Personne n’a essayé d’entrer ?
-Non personne, mais…
-Mais quoi ?...
-Bien, pendant que les femmes de
ménage rangeaient les chambres, une bonne sœur, la mère supérieure ou quelque
chose comme ça…
-Sœur Gisèle ?...
-Je ne sais pas son nom, mais
elle est venue pour voir comment se déroulait le travail, le ménage; mais je
suis sûr que ce n’était qu’un prétexte.
-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
-Et bien, son attitude; elle
regardait dans les chambres, mais sans vraiment s’y intéresser. Elle a dit
quelques mots aux filles, comme « Ça avance ? », puis elle m’a dit :
« Vous êtes toujours là ? » Comme si je la dérangeais. Je ne savais
pas vraiment comment réagir. J’ai pris ça un peu sur le ton de la blague :
« Eh oui, les ordres sont les ordres ! » Et elle n’a pas apprécié,
non pas du tout ! Elle m’a jeté un regard noir. Si j’étais paranoïaque je
dirais qu’elle voulait m’assassiner.
-Tu te moques de moi…
-Non, non; j’exagère juste un
petit peu.
-Sœur Gisèle serait donc venue
ici durant la journée… Et ensuite qu’est-ce qui s’est passé ?
-Rien; elle avait ses clés dans la
main, comme ça, et elle a regardé encore dans une ou deux portes juste « pour
faire semblant » puis elle est redescendue. C’est tout.
-Et d’après toi, elle aurait
voulu entrer dans la chambre.
-J’en suis sûr, chef.
-Bon, on va voir ça. Va te
chercher un bol de soupe; tu l’as bien mérité.
La chambre est comme Paul l’avait vue le matin; les
rideaux étant ouverts, mais le soleil maintenant de l’autre côté du bâtiment ne
l’éclaire plus autant. Il y règne une certaine moiteur. Les couvertures avaient
été tirées sur le matelas, sans qu’on prenne le soin de border le lit. Les deux
petites valises sont là; l’une sur une petite table sous la fenêtre et l’autre posée
par terre. Celle qui est sur la table est ouverte. Paul regarde sous le lit,
ouvre l’armoire, ouvre chacun des tiroirs de la commode. Pendant ce temps, Isabelle
soulève les couvertures, mais non il n’y a rien non plus dans le lit.
-Bon, on sort nos gants et on fouille les valises. Je
te laisse celle de la femme je prends l’autre.
Paul déballe les quelques effets qui se trouvent dans
la valise : des vêtements, un nécessaire à toilette, des revues sur les
motos, du courrier...
-Ils avaient pris leurs portefeuilles avec eux tous
les deux.
-Oui, et leurs téléphones cellulaires.
-Je ne comprends pas plus; non vraiment je ne
comprends pas plus !
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