lundi 29 août 2016

Trahisons
Chapitre 13
-La première fois qu’elle est venue à une de nos activités c’était en avril dernier. Je connais chacun des membres de notre église personnellement, d’ailleurs on se connaît tous très bien, alors on remarque tout de suite les nouveaux et elle est arrivée à une de nos soirées de louanges que nous avions organisée à Ripon. Notre locale de rencontre se trouve à Saint-André, mais de tant en tant, on organise une soirée de prières ou de louanges chez l’un ou chez l’autre. Nous étions chez les Dufresne qui font partie de notre église depuis le tout début; ils ont deux enfants, un fils Bertrand et une fille Natacha qui va dans la même école que Joannie à Lachute; Bertrand est encore à l’école primaire. Natacha est plus un an jeune qu’elle, elle ne sont pas dans la même classe, mais c’est peut-être par elle qu’elle en avait entendu parlé. Nous étions environs une quinzaine, des adultes surtout, à chanter et à louer le Seigneur. Je me souviens qu’elle était venue, pas très longtemps et qu’elle avait l’air d’aimer ça. Deux ou trois semaines plus tard, elle est venue assister à notre culte du dimanche matin. Probablement qu’elle avait cherché notre adresse sur notre site internet. Des églises de la Réconciliation dans le coin, il n’y a en pas beaucoup !...
-Elle serait venue de son plein gré. En voiture ?
-Je ne sais pas; peut-être en vélo. Il n’y a que dix-sept kilomètres par les petites routes entre les deux villages.
-Donc elle est venue à votre… "culte" ?
-Oui, elle est arrivée alors que c’était déjà commencé et elle est restée en arrière un moment. Ce n’est pas moi qui l’ai abordée la première fois, c’est l’une de nos anciens, Émile, c’est lui qui a fait le premier contact. Comme le veut notre façon de faire, il lui a proposé de remplir une fiche de contacts, avec son nom, ses coordonnées, ses intérêts. Ces fiches sont très importantes pour nous, elles nous permettent de mieux répondre aux besoins de gens qui viennent cogner chez nous. Le Seigneur est tout-puissant, mais il a besoin d’un petit coup de pouce des fois ! Ce qui l’avait attiré chez nous, c’était la musique. Joannie chantait très bien; elle avait une voix extraordinaire, elle chantait comme chantes les anges; un don de Dieu. Nous l’avons tout-de-suite adoptée; d’ailleurs nous accueillons de la même façon tous les gens qui viennent vers nous. Nos deux chefs de chœurs Mélisandre et Marc-André lui ont demandé de chanter et ils l’ont tout de suite recrutée. Depuis ce temps, elle venait régulièrement à nos activités.
Paul jette un coup d’œil à sa fille qui vient de se glisser discrètement dans le bureau par la porte que Paul avait laissé entrouverte. Il reprend :
-Dites-moi z’en plus sur votre église, monsieur Bellavance.
-Nous comptons une soixantaine de membres, de Saint-André-d’Argenteil, de Ripon, de Notre-Dame-de-la-Croix, même une famille de Noyan. Nous avons commencé il y a cinq ans dans un local qui était à louer à Saint-André; au début il y avait moi, ma femme Francine et nos deux enfants et graduellement avec le bouche à oreille on a bâti une communauté de foi vivante et en croissance. Dans nos activités on a des études bibliques le mercredi, le samedi c’est l’enseignement, et le dimanche, c’est le clou de notre semaine, la célébration, deux heures d’adoration et de méditation de la Parole de Dieu. Il y a aussi les répétitions de musique et de chants le samedi soir avec un séance d’édification pour les jeunes. Nous avons plusieurs excellents musiciens, qui jouent de la batterie, de la guitare, de la trompette, des claviers. Il y a toujours quelque chose à faire à notre de Saint-André et nous avons aussi une équipe chargée de faire connaître notre église, des dépliants, des affiches, des cartes d’affaires à distribuer. ON a toute une réserve de matériel publicitaire et de documentation. Des livres sur la foi, sur la religion, sur la discipline de vie, sur les valeurs évangéliques… des livres de chants aussi et de CD aussi. Pour revenir à Joannie, c’est l’aspect musical l’intéressait le plus, mais elle était en recherche, elle recherchait la vérité, l’authenticité. Alors petit à petit, à force de parler avec elle, elle a commencé à s’intéresser à Dieu et à son amour pour tous les hommes.
-L’avez-vous vue la première fois qu’elle est venue ? Comment était-elle ?
-Je l’avais remarquée c’est sûr, on remarque toujours les nouveaux arrivants, mais c’est Émile qui l’a approché le premier. À la fin de la célébration, il est venu m’en parler; il voulait me parler mais elle était partie avant la fin. Il vient toujours me présenter les nouveaux arrivants et ensemble on fait une évaluation si ça vaut la peine de de continuer, de leur téléphoner, de les contacter par courriel. par Facebook; c’est une stratégie de recrutement. Nous essayons d’amener le plus grand nombre de personnes à Jésus vous comprenez ?
-Vous lui avez téléphoné chez elle, pour la relancer ?
-Non, non; en partant, elle avait dit à Émile qu’elle devait partir mais qu’elle reviendrait; peut-être que vous devriez lui parlé. On avait donc jugé que nous attendrions quelque temps avant de la contacter. Moi, je n’avais pas fait beaucoup attention à elle, Émile m’avait présenté et on avait échangé quelques mots, sauf quand ensuite je l’ai entendu chanter, c’était à la Pentecôte, la grande fête, la Fête du Saint-Esprit, quand il est descendu sur les apôtres et qu’ils ont commencé à parler en langues et tout le monde rendait gloire à Dieu. Justement, elle a chanté un Gloire à Dieu sublime. Je suis allé la voir et je l’ai félicitée, je lui ai dit toute mon admiration. Ma femme Francine aussi, et on l’a invitée chez nous pour fêter la Pentecôte; c’est sûr que chez elle on ne fêtait pas ça.
                Roxanne d’en arrière et écoute attentivement.
-Est-ce qu’elle est devenue officiellement membre de vote église ?
-Non pas encore, ça prend environ de marche et de fréquentation régulière; et ensuite, à la fin du processus d’étude et de réflexion on reçoit le baptême de l’Esprit. Et Joannie était prête à se donner à Jésus. On avait commencé les leçons de Bible; elle devait en lire certains passages chaque jour, et elle était appliquée. Elle avait un cahier personnel dans lequel elle pouvait écrire ses questions, ses réflexions. Vous savez, ce n’est pas quelque chose qu’on fait à la légère. Devenir chrétien, c’est la plus grande décision de toute sa vie. Il faut s’engager à cent pour cent. Il faut donner son cœur à Jésus Christ, il faut l’accepter comme son Seigneur et Sauveur personnel, ce n’est pas une mince affaire ! Il faut apprendre à lui parler comme son meilleur ami, il faut arriver à tout lui confier, ses peines, ses difficultés, ses problèmes, comme il faut lui remettre nos joies et nos réussites qui sont des grâces que lui seul nous accorde. Il faut étudier la Parole de Dieu, et apprendre à la vivre; il faut apprendre à vivre selon les commandements de Dieu. Il faut apprendre à prier, à prier dans son cœur et à prier en communauté à voix haute; il n’y a rien de plus humain que de rendre gloire à l’Éternel. Il faut témoigner publiquement de sa foi; il faut changer de vie et vivre dorénavant selon le commandements de Dieu; ils deviennent notre ligne de conduite, notre code moral. Rien n’est plus comme avant quand on décide de suivre Jésus; on ne peut plus agir comme le monde. Quand on est chrétien, on agit comme enfant de Dieu, et ça peut avoir toutes sortes de conséquences.
-Vous saviez qu’elle était en conflit avec ses parents ?
-Oui elle nous en avait parlé, à ma femme et à moi. Elle voulait partir, elle voulait partir de chez elle; son père devenait de plus en plus dur avec elle; elle nous disant que c’était des chicanes continuellement. Et elle n’en pouvait plus de vire dans une famille non-chrétienne; elle disait que jamais elle n’arriverait, elle, à vivre en chrétienne dans ces conditions. Mais nous l’avons dissuadé de partir. Je lui ai exposé longuement le septième commandement : "Honore ton père et ta mère"; même si Dieu nous a donné des parents difficiles ou non-chrétiens, il nous faut les respecter. À dix-huit ans, elle pourrait choisir, mais tant qu’elle était mineure elle devait leur obéir. Elle a fini par comprendre. Un soir… un samedi soir….
-Oui…
-Un samedi soir, elle est arrivée à la répétition de chants tellement démontée, tellement défaite, tellement abattue qu’elle ne pouvait pas chanter. Elle était dans un tel état ! Je l’ai prise dans mon bureau pour se parler. Elle a pleuré un bon moment, alors je… je l’ai consolée. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ?
-Je vois que vous la connaissiez bien. Dites-moi une chose, monsieur Bellavance, pourquoi vous n’êtes pas venu nous voir plus tôt ?
-Je ne savais pas quoi faire. J’ai hésité; j’ai entendu la nouvelle de sa disparition comme tout le monde. Dimanche dernier on a prié pour elle à l’église. Et puis je croyais que quelqu’un viendrait me voir, pour me poser des questions. Mais hier soir, mon épouse et moi nous avons encore prié et, dans notre prière, Dieu m’a dit de venir vous voir ce matin. Et c’est la première chose que j’ai faite ce matin.
-Et si vous êtes venu nous voir c’est parce que vous aviez quelque à nous dire, n’est-ce pas ?
-Joannie était bien chez nous, elle s’y plaisait, elle se sentait acceptée. Ce qui est arrivé, ce n’est pas à cause de son engagement dans l’église; elle chantait avec cœur, elle chantait de toute son âme. Elle n’avait jamais eu l’occasion de développer ses talents comme ça, de se faire revaloriser comme elle l’était avec nous; c’était une chance inestimable. Et elle voulait vraiment devenir chrétienne, elle voulait devenir une autre personne; elle avait accepté de changer, du tout au tout. Le diable est partout, vous savez; continuellement il nous envoie des tentations pour nous éloigner du droit chemin; il faut s’en éloigner. La "Réconciliation", ce se rapprocher, devenir semblable à celui qui est parfait. Ce n’est pas tout de ne plus prendre de l’alcool ou des drogues, de ne plus forniquer; notre corps c’est le temple du Christ. Oui, nous croyons à la sacralité du mariage, même si ce n’est pas très à la mode. Ça fait partie de la pureté de vie que Dieu nous demande. Et comme chrétiens, il faut aussi nous éloigner de ceux qui commettent le mal, donc de s’éloigner même de nos amis. Ce n’est pas toujours la chose la plus facile; Jésus ne nous a jamais dit que ce serait facile de le suivre, mais c’est merveilleux ! Elle était en train de couper les liens. De toute façon elle avait trouvé tout un groupe de cent fois meilleurs amis à l’église, je pense même que notre guitariste Guillaume Fortin et elle se plaisait beaucoup.
-Vous dites que vous lui avait demandé de rompre avec ses amis ?

-Non, non ! Dans son cheminement, je lui ai conseillé de revoir ses relations à la lumière de ce que Dieu nous demande.

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