lundi 17 novembre 2014

Dix mois

Le jour où les jours ont pris fin annonçait la fin de la vie sur terre.
Les trente personnes qui se trouvaient dans la station orbitale JICA (Joint International Cosmos Adventure) avaient regardé se dérouler les événements au début avec surprise, puis de plus en plus perplexes. Elles avaient essayé de ne pas s’alarmer (après tout elles avaient été sélectionnées pour leurs qualités de leadership, pour leur capacité à dominer leur stress et leur habilité à réagir aux situations d’urgence) mais quand toutes les communications avec la Terre s’étaient éteintes, là elles s’étaient rendu compte qu’il se passait quelque chose de grave.
Dans la station orbitale se trouvaient surtout des scientifiques; et les scientifiques ne se font pas la guerre. Spécialistes en cosmographie, en astronomie et en astrophysique côtoyaient botanistes et experts en exobiologie; médecins, géochimistes et mécaniciens parlaient le même langage et s’entendaient sans problème.
Le commandant de l’équipage avait bien entendu su vite prendre les choses en main.
JICA continuait son irrésistible ballet autour de ce qui avait été la terre. Après plusieurs semaines de tentatives infructueuses, il n’y avait toujours pas ni communications avec la terre si même signes de vie. Les seules images sur les écrans étaient des scènes de destruction, de dévastation, de gigantesques marées noires, de continents morts. Il avait bien fallu se rendre à l’évidence : la terre ne répondrait plus jamais !
La station orbitale comme tel n’était pas en danger et aucun de ces trois dizaines de rescapés ne se sentait que sa vie était menacée. Les immenses panneaux solaires de la station orbitale pouvaient lui fournir suffisamment d’énergie aussi longtemps que brillerait le soleil, c'est-à-dire environ cinq milliards d’années. Les plantations hydroponiques et les cultures bactériennes approvisionneraient ses occupants en nourriture sans problème. Toute l’eau était recyclée, et, par malchance, les réserves venaient à diminuer, on savait comment trouver de la glace sur une comète de passage. On avait décidé de cesser toutes les expériences sur les spécimens d’animaux qu’on avait embarqués à cette fin. Il fallait sauver ce qui pouvait être sauvé.
Un problème tout de même, un vrai, était vite apparu : l’avenir de la JICA et de l’existence humaine ne pouvait plus être assuré que par une nouvelle génération. Il fallait donc faire des enfants.
 Toutes les femmes présentes étaient en âge de procréer. Lesquelles seraient désignées  en premier pour tomber enceinte ? avait posé le commandant. Il y eut de longues et difficiles discussions.
Finalement, c’est aux couples déjà formés qu’on demande alors de se mettre à l’œuvre pour assurer une l’indispensable progéniture. Et devant l’urgence de la situation, ils se disent qu’ils doivent bien accepter.
Quand l’une des femmes devient enceinte, quelques semaines plus tard… on fait la fête dans JICA ! On sort quelques bouteilles de la réserve du commandant. Les deux médecins la suivent avec attention. Puis une deuxième femme quelque trois mois plus tard, se découvre à son tour enceinte. L’espoir grandit. Puis une autre aussi. L’optimisme règne. Entretemps, de nouveaux couples se sont formés. On va leur montrer à ces incapables, ce qu’eux qui forment l’élite de l’exploration spatiale peuvent faire.
Au septième mois, de sa grossesse la jeune femme a quelques complications; elle est prise de violentes nausées. Elle a quelques petits saignements et surtout son abdomen est continuellement secoué de violents de mouvements de bras, de jambes, de la tête. Comme si tous les petits membres du futur bébé se faisaient aller tous à la fois et sans arrêt. Malgré les soins de l’équipe médicale et l’attention de tout l’équipage l’état de la jeune femme ne s’améliore pas. Bientôt, la pauvre ne peut même plus dormir. Elle est épuisée, elle ne peut plus s’alimenter par elle-même. Sa santé se détériore. Son mari et les autres s’inquiètent. Les médecins décident qu’il faut faire naître le bébé en procédant à une césarienne. On met la future maman sous anesthésie et on la conduit à la clinique transformée en bloc opératoire. L’équipe médicale fera de son mieux.

Le médecin est allé voir le commandant :
- Oui, c’est ça, nous avons du détruire le « fœtus ». Et on va immédiatement opérer les deux autres femmes.
Pendant ce temps, la jeune mère se réveille; son mari est à son chevet.
-Qu’est-ce que c’est ? Un garçon ou une fille ? Vite, dis-moi !... 

1 commentaire:

  1. David,
    Cette dernière nouvelle est du genre "glaçant". Comme quoi, on peut beaucoup dire en peu de mots.
    Yvette

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