vendredi 30 octobre 2015

Les flammes de l’enfer
(Ce chapitre s'est affiché en retard à cause de problèmes techniques)

12

Lorsque Roxanne rejoint son père au Parc Natura, on est au début de l’après-midi. En la voyant, Martin Sansregret se précipite vers elle; Patrick Duhamel le suit en finissant de donner quelques ordres aux employés.
-Ah ! Voilà la personne que j’attendais !
-Qu’est-ce que je peux faire pour vous, monsieur Sansregret ?
-C’est une vraie catastrophe ! L’autre inspecteur m’a fait comprendre que ça se pourrait que le Parc Natura reste fermé pour le reste de la saison ? Dites-moi que c’est pas vrai !
-je le connais bien; s’il a dit ça c’est qu’il a ses raisons. Je ne peux rien vous dire de plus monsieur Sansregret, je le regrette…
-Mais on va tomber en faillite ! Savez-vous combien on a investi dans cette place ! Dis-lui, donc, Patrick ! Je vous Présente Duhamel l’un de mes associés…
-Ce serait sans doute bien regrettable, mais il y a une chose que vous semblez oublier, monsieur Sansregret, c’est qu’il y a eu mort d’homme, et que la police doit prendre l’affaire avec tout le sérieux qu’elle nécessite.
-Mais c’est sans doute juste un accident.
-C’est possible, je ne sais pas. Si c’est le cas, oui, peut-être que dans quelques jours vous pourrez rouvrir votre Parc. Mais en attendant, laissez-nous faire notre travail.
-Ben…
-Dites-moi, où est l’inspecteur Quesnel ?
-Il est là-bas sur le lieu du sinistre.
-Merci monsieur Duhamel. Alors, trouvez-moi un véhicule que je puisse m’y rendre aussi.
Paul tourne la tête en entendant le bruit du moteur approcher. Il sourit en voyant Roxanne arriver. Il est toujours content de voir sa fille. Et sans doute que c’est réciproque.
-Bonjour Papa !
-Bonjour, ma fille chérie, répond Paul en lui faisant la bise.
-Bonjour Turgeon; ça va ?
-Allo, Roxanne; oui, oui, tout va bien !
Hugo Turgeon vient de relever Katya Collins dans la surveillance du lieu du sinistre.
Roxanne sort de son sac un sandwich à la dinde et un café latte qu’elle présente à son père.
-Ah, merci !
Elle se tourne vers Turgeon : « T’en veux un aussi. »
-Non, ça va. J’ai mangé avant de venir.
Elle mange une salade au thon apportée de la maison; contrairement à d’autres collègues Roxanne aime apporter son propre au travail lunch plutôt de manger au restaurant. Elle et son père s’assoient sur des souches. Pendant quelques instants ils écoutent les oiseaux chanter, des petits loriots jaunes. Le soleil se reflète sur le lac; s’il n’y avait pas ce tas de cendre, ce serait une belle journée de farniente.
-Ah !... un bon verre de vin, ça me ferait du bien.
-Bon, j’y penserai la prochaine fois.
Paul lui résume en quelques mots les entrevues avec les employés qu’il a faite durant la matinée. Turgeon s’avance pour de rien perdre ce la conversation.
-Alors, avec tout ça, est-ce qu’on avance ?
-Je ne sais pas trop. La thèse du « monsieur le propriétaire qui a quelque chose à cacher » se concrétise; il y a vraiment trop de détails qui clochent, mais il semble que rien ne le relie directement à un meurtre.
-Il peut même y avoir eu crime sans qu’il y ait eu meurtre.
-Oui, je sais…. Et toi tu en es où ?
-Je peux t’affirmer que ce n’est pas un accident.
-…
-Non; les appareils de chauffage d’appoint de ce genre, je veux dire au gaz butane, sont de plus en plus sûrs. Il y a plusieurs systèmes de sécurité qui font que les chances qu’ils puissent provoquer un incident ou un accident ou exploser tout seuls sont de une sur un million; ou alors, si on le fait exprès.
-Je te crois.
-Il y autre chose aussi… Écoute, juste avant de venir ici, j’ai reçu un coup de téléphone de la comptable du Parc Natura, une certaine Françoise Pittet. Elle m’a dit que ce Gustave Abel, l’homme qui est mort dans l’incident, n’étais pas sur la liste de paye. Il ne reçoit ni chèque ni de dépôt direct pour le travail qu’il fait ici. Et c’est le seul dans cette situation-là.
-Ce qui veut dire ?
-Ce qui veut dire, selon le raisonnement la comptable, que soit il travaille bénévolement, soit il est payé au noir.
-Intéressant.
-Très intéressant !
-Ah tiens ! Tu écoutes aux portes maintenant !

De retour au poste, Olivier Jean-Jacques leur sourit de toutes ses dents.
Paul lui demande : « Alors qu’est-ce que ça a donné, tes recherches ? »
-Patron, je crois que j’ai trouvé quelque chose d’intéressant.
-Bon, assoyons-nous.
-Ce que j’ai trouvé, c’est que Gustave Abel vivait seul avec sa mère à Notre-Dame-de-la-Croix. Sa mère et lui ont habitaient à l’origine de Noyan, mais ils avaient déménagé au village quand il avait trouvé cet emploi. En fait, sa mère vient d’une famille franco-ontarienne du village de L’Orignal, pas très loin de Hawkesbury, de l’autre côté de l’Outaouais. Comment elle rencontré le père de Gustave, je ne sais pas, il faudra le lui demander. Mais toujours est-il que comme on dit : « Qui prend mari prend pays », et qu’elle est allée s’installer en ménage à Noyan avec Hubert Abel. Gustave est né quelques mois plus tard. Et là, le Hubert Abel en question est parti.
-Parti ?
-Oui, il a quitté sa femme et son enfant et les a laissés se débrouiller tout seuls. Il semble qu’il n’avait pas la fibre paternelle. D’après moi, il a dû leur laissé la maison, peut-être qu’il a envoyé de l’Argent, mais ça, c’est spéculatif; il faudra le demander à madame Cournoyer.
-Où est-ce qu’il est parti ?
-Je ne sais pas. Ce n’était pas un crime alors on n’a rien là-dessus, mais, je suis sûr qu’on peut trouver l’information. Probablement que la mère a toujours vécu sur le bien-être social. C’est quand on continue les recherches sur Gustave, que ça devient intéressant.
-Alors, qu’est-ce que tu as trouvé ?
-En fait, pas grand-chose, mais un ou deux détails qui pourraient être le fil de laine qu’il faut tirer. Gustave a certainement fait de la petite délinquance comme tous les jeunes, mais il n’a jamais été appréhendé. Un détail m’a frappé pourtant, et c’est peut-être ça la piste qu’il faudra creuser : il y a huit ans il y a eu une série d’incendies criminels dans le rang Brookdale, il y avait même eu une victime accidentelle, et on n’a jamais arrêté le coupable; ça a été classé dans les affaires non-résolues.
-…Termine ton histoire.
-Bon, l’affaire a été classée après quelques mois comme étant non-résolue faute de suspect et faute de témoin fiable. Mais parmi les personnes qui avaient été vues et interrogées par la police, il y avait Gustave Abel.
-Continue…
-C’est tout, faute de preuve, il n’y a pas eu d’accusation. D’ailleurs, l’interrogatoire n’a même pas eu lieu au poste elle a eu lieu chez lui, à Noyan. Il avait un bon alibi, et il n’y avait aucun motif d’investiguer davantage.
-C’était quoi son alibi ?
-Son alibi était que ce soir-là, il n’était pas sorti de chez lui, c’est sa mère qui l’a confirmé aux policiers.
-Hmmm… Ce n’est pas très convaincant.
-Dernier détail intéressant, c’est quelques mois après cette histoire qu’ils ont déménagé à Notre-Dame-de-la-Croix.
-Tu dis que sa mère et lui ont déménagé il y a huit ans…
-Oui…
-Donc avant qu’il ne commence à travailler au Parc Natura… Bon travail; très bon travail. Continue à creuser cette histoire et ramasse tout ce que tu peux trouver. Par exemple, qui étaient les autres suspects ? S’il y a eu des témoins ? Qui étaient les propriétaires des maisons incendiées ? Peut-être que quelque chose va nous relier à Gustave Abel.
-Très bien.
-Mais, une série d’incendies ?... Je me demande bien pourquoi je ne me souviens pas de cette histoire.
-Rappelle-toi, papa, c’était l’année où tu as pris un congé sabbatique et que tu es parti six mois en Haïti pour contribuer à la formation de la police.
-Mais il y a huit ans, ce n’est pas l’année où tu es parti en sabbatique ? Rappelle-toi tu as passé six mois en Haïti pour travailler à former la police du pays.
-C’est certainement ça.
-Vous êtes allé en Haïti, patron ? Racontez-moi !
-Oui, oui… mais je t’en parlerai une autre fois.
Les policiers gardent le silence quelques instants. Puis Roxanne dit :
-Madame Cournoyer mérite une autre petite visite. Je m’en occupe.

-Oui, occupe-t’en mais je connais aussi deux autres personnes qui méritent vraiment qu’on leur fasse une petite visite et c’est moi qui vais les leur rendre. 

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