lundi 24 octobre 2016

Trahisons
Chapitre 21

                -Alors, est-ce que j’ai bien répondu à vos questions ?
-Qu’est-ce que vous voulez dire ?
-Ce que je veux dire, c’est que je crois vraiment que vous soupçonnez Émile dans ce qui est arrivé à Joannie… et peut-être même que vous croyez que je suis complice. Mais comme, il semblerait que pour l’instant vous ne possédez pas de preuves formelles, vous avez besoin de moi, soit pour le confronter, soit pour nous mettre en contradiction l’un l’autre… Et je veux dire aussi que pour moi vous êtes montée dans ma voiture pour me surveiller, pour m’empêcher de communiquer avec lui.
-Monsieur Bellavance, pour ma part je crois que vous lisez un peu trop de romans policiers ou alors c’est que vous regardez trop de séries sur Netflix, même si ça n’a pas l’air d’être votre genre. Si nous avions vraiment voulu vous « empêcher » de contacter Émile Vadnais, comme vous dites, il nous aurait suffit de vous faire monter dans une de nos voitures, point à la ligne. Pour le reste, nous cherchons à découvrir la vérité dans le cas de la mort de Joannie Lemieux; c’est vrai que, pour l’instant, le témoignage de monsieur Vadnais comporte encore des zones d’ombre et c’est vrai nous vous demandons de nous aider à éclaircir ces zones d’ombre. Cependant, pour ce faire, nous avons besoin que ça se passe dans la plus totale confiance, sinon on arrêter tout, tout-de-suite. Si nous ne nous faisons pas confiance, j’appelle le commandant Quesnel et on arrête tout ! Mais sachez qu’avec ou sans votre aide, nous découvrirons la vérité !
-Non, non ! Je vous fais confiance ! Excusez-moi, je suis un peu perturbé par toute cette histoire; je ne sais plus très bien où j’en suis…
-Et vous n’avez pas l’habitude dans votre métier de faire face, disons, aux autorités policières…
-C’est vrai… Nous sommes respectueux de la loi et… je n’ai jamais été mêlé à quelque affaire judiciaire que ce soit. Tout ça est tellement… incroyable. C’est comme un cauchemar. Et que vont penser les autres ?
-Quels autres ?
-Les autres… les membres de la paroisse, mais aussi mes supérieurs de Montréal qui ont financé notre implantation dans la région. Ils ne doivent pas être de bonne humeur quand il font l’apprendre.
-C’est une mauvaise publicité pour votre mouvement, n’est-ce pas ?
-C’est le moins qu’on puisse dire…
-Et vous devrez rendre des comptes.
-Oui…
-Raison de plus pour nous aider à découvrir la vérité et ainsi trouver le ou les vrais coupables et innocenter les personnes qui n’ont commis aucun crime.
-Vous avez raison… Voilà, ous arrivons.

Les deux voitures, celle de la Sureté du Québec conduite par Paul avec l’agent Yannick Bourdage, et celle du pasteur Bellevance avec Rxanne s’arrêtent devant l’immeuble où habite Émile Vadnais; c’est un simple immeuble de quatre logements qui ne paye pas de mine, anonyme, mais tout de même bien entretenu. On ne voit personne dans la rue tranquille, mais Paul se doute bien que bien des gens sont là derrière leurs rideaux à regarder et à attendre la suite des événements.
Il se tourne vers Timothée Bellavance.
-Bon, on vous laisse commencer.
-Qu’est-ce que je dois lui dire ?
-Vous lui dites que vous êtes avec la police et que vous croyez qu’il est important qu’il réponde à nos questions… En tout premier lieu, nous avons besoin d’examiner son téléphone cellulaire.
                -Très bien, allons-y.
                Il sonne. Le locataire vient entrebâiller la porte,
-Émile ! C’est moi Timothée !
À la vue de son pasteur, Émile ouvre la porte plus grand.
                -C’est moi, Émile. N’aie pas peur; je suis avec la police, mais tu n’as rien à craindre. Ils veulent te poser quelques questions en rapport à l’histoire de Joannie.
                Émile écarquille les yeux et même les oreilles.
                -J’ai déjà répondu !
                -Écoute, Émile. Il manque quelques détails…
                -Pis c’est des malins !
                -Émile que dit Paul dans sa lettre à Tite : « Rappelle-toi d’être soumis aux magistrats et aux autorités… »
                -«…d’obéir, d’être prêt à toute bonne œuvre. » Oui, je sais !
                -Alors, soyons soumis et écoutons-les; je vais rester avec toi.
                -…
                -Émile, ils ont besoin de ton téléphone cellulaire; confie-le moi.
               
-Alors, Joannie lui a téléphoné ? Le jour même ?
Pendant que le pasteur restait à l’intérieur avec Émile, Paul avait remis le téléphone à Yannick, qui rapidement en avait entré les données dans son ordinateur.
-Non… Joannie ne lui a pas téléphoné : c’est lui qui lui a téléphoné….

                -Monsieur Vadnais, pourquoi avoir téléphoné à Joannie, ce vendredi-là ? C’était vers 8h40 elle était probablement dans l’autobus d’école. Vous lui avez téléphoné le jour même de sa mort, il y a de quoi se poser des questions. Pourquoi ?
                -Ce n’est pas de vos affaires !
                -Il y a eu meurtre; tout est de nos affaires.
                -Il s’agit de quelque chose d’interne à la vie de l’église, vous n’êtes pas concernés; c’est une chose seulement pour les chrétiens, et vous n’êtes pas chrétiens.
                Timonthée Bellavance intervient.
                -Émile, il faut que tu dises la vérité; je sais…
                -Non ! Tu sais rien ! Tu fais rien ! Tu laisses ces mécréants se mêler de nos affaires; ils sont possédés du démon. Déjà que tu faisais rien à Montréal c’es tla même chose ici, l’égile s,en na nulle part avec toi…
                -S’ils sont possédés du démon c’est à la communauté de décider tu le sais. Que dit Paul en II Corinthiens 13 : « Toute affaire se réglera sur la déclaration de deux ou trois témoins. » Pour décider de ce point, il y a une procédure à suivre. Pourquoi l’instant, dis-mois juste pourquoi tu as téléphoné à Joanie ce matin-là; s’il s’agit de quelque chose qui a rapport à l’église je suis concerné.
                -Elle avait quelque chose à faire et je devais le lui rappeler.
                -Qu’est-ce qu’elle devait faire ?
                -Elle devait dire adieu à ses amis; elle devait couper les ponts. C’était ça ou elle ne pouvait plus chanter.
-Pourquoi lui demander ça ?
                -Il fallait qu’elle se garde pure. Qu’elle se garde sans tâche. Que dit la Parole de Dieu dans Proverbes 7 ? Tu la connais cette histoire du jeune homme stupide qui se laisse tenter par une femme de débauche ! La femme est plus séductrice que l’homme. Et Joannie était une séductrice !
                -Une séductrice ? Mais envers qui ?
                -Envers les garçons, voyons Timothée ! Toi tu ne voyais rien bien sûr; tu penses que tout le monde est parfait ! Que dit l’apôtre en 1 Corinthiens 6,18 « Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu'un homme commette, ce péché est hors de son corps; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps ». Et puis en Romains 13,13 : « Marchons honnêtement comme en plein jour loin des orgies et de l'ivrognerie de la luxure et de la débauche ». Et enfin en Éphésiens 5,3 « Que la débauche, ni aucune impureté, ni la cupidité, ne soient pas même nommées parmi vous ainsi qu'il convient à des saints. »
                -Émile, je connais tout ça, mais…
                -Ben, si tu le connais, il faut le mettre en pratique ! C’est ben beau de prêcher la sanctification, mais il faut qu’elle se concrétise. Toi tu n’agis pas. Tu parles, mais tu n’agis pas. Qu’est-ce que tu fais de Colossiens 3,5 : « Faites donc mourir les membres qui sont sur la terre, l’impudicité, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité, qui est une idolâtrie. » Ou de Éphésiens 5,3 : « Que l'impudicité, qu'aucune espèce d'impureté, et que la cupidité, ne soient pas même nommées parmi vous, ainsi qu'il convient à des saints. »
                -Émile…
                -Et surtout I Thessaloniciens, 4 : « Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification; c’est que vous vous absteniez de l’impudicité… Car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification. » Joannie, elle devait arrêter son impudicité. Elle devait arrêter de se tenir avec des impudiques et des débauchés; c’est ça que je lui ai dit de faire, parce que toi tu ne l’as pas fait !
                Le pasteur Bellavance, secoué, ne sait plus quoi répondre à ces attaques. Roxanne intervient :
-Se couper de ses amis, est-ce que c’est une procédure normale dans notre église ?
                -Oui, et non; au moment du baptême oui, il faut purifier ses relations, et on trouve dàès lors préférablement ses amis dans l’église. Mais tout couper les liens non, non, ça c’est trop drastique.
                -Pourquoi alors, monsieur Vadnais, l’avoir demandé à Joannie ?
                Pas de réponse.
                -Vous vouliez l’avoir pour vous, c’est ça ?
                Pas de réponse. Au tour de Paul d’intervenir :
                -Pourquoi alors, monsieur Vadnais, l’avoir demandé à Joannie ?
                -Parce qu’il le fallait ! Lui, il l’aurait jamais fait; il laissait tout faire.
                -Vous lui avez parlé le matin même de ce vendredi. Est-ce que nous lui avez donné rendez-vous au Pont de la Chute ?

                -Non, ça jamais, jamais ! Elle avait donné rendez-vous à cette dévergondée de Mélissa, c’est elle la responsable ! C’est elle qui l’influençait à prendre de la drogue, à forniquer avec tout le monde. Il fallait qu’elle arrête de la voir !

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