lundi 26 décembre 2016

Meurtre à la mosquée
Chapitre 8

Dans la voiture, de police qui la ramène chez elle à Gatineau, Stéphanie Aubut repense à sa matinée. Elle sait qu’elle devra revenir demain ou après-demain pour donner un coup de main à la police dans cette drôle d’histoire de meurtre dans une mosquée. Quand elle racontera à son conjoint Antoine ! Ça va faire la une des journaux c’est sûr ! Effectivement, le soir même, il y aura un reportage au téléjournal local; elle y verra Roxanne faisant une déclaration devant le poste de la Sureté du Québec, mais elle n’en apprendra pas beaucoup plus que ce qu’elle sait déjà.
Mains pour l’instant, comme elle l’a fait avec Stéphanie, Roxanne raccompagne Nawaz Zardai à la sortie après lui avoir fait signer sa déclaration.
                -Merci de votre aide monsieur Zardai. Nous vous recontacterons très probablement.
-C’est épouvantable pour la communauté musulmane ! Déjà qui nous sommes visés chaque fois qu’il y a un attentat terroriste quelque part dans le monde, maintenant le gens vous dire de nous que nous sommes des assassins sanguinaires !
                Au-delà de la porte vitrée, sur le parvis du poste de poste de police, la foule s’est dispersée. Roxanne voit quelques petits flocons de neige pesants voltiger tranquillement jusque sur le perron.
                -Avez-vous besoin qu’on vous raccompagne chez vous ?
                -Non, je suis venu avec ma voiture; elle dans le stationnement.
                -Rappelez-nous si vous vous rappelez de quoi que ce soit de différent, de suspect, d’incompréhensible. Quelque chose d’inhabituel qui se serait passé durant la prière de vendredi. Des fois les souvenirs prennent quelques jours à revenir à la surface.
                -Bien.
                -Vous êtes libre de circuler comme bon vous semble; mais rappelez à votre imam qu’il ne peut quitter la ville sans nous en avertir.
                -Bien je lui répéterai.
                Roxanne ouvre la porte en lui serrant la main. Il s’esquive. Quelques journalistes vont encore le pied de grue.
                -Pour l’instant, nous n’avons rien de nouveau à ajouter. Nous avons identifié la victime, sa famille a été prévenue; c’est un homme d’affaire de la communauté musulmane du nom de Amir Mawami. Nous pouvons dire qu’il s’agit d’une mort violente, mais une autopsie sera pratiquée pour déterminer la cause exacte.
Vif comme à l’accoutumée, Simon-Pierre Courtemanche lui demande : « Et quel serait le motif de ce meurtre ? »
-Comme vous pourrez vous en douter, il est encore beaucoup trop tôt pour répndre à cette question. Toute le pistes sont à explorer.
                -Est-ce que l’imam est considéré comme suspect ?
                -Non, actuellement, il est considéré comme in témoin important mais il n’est pas suspect. Nous l’avions détenu simplement en attendant la venue d’une interprète qualifiée. Nous l’avons relâché une fois sa version des faits recueillie. Maintenant excusez-moi... Mais avant je veux bien sûr lancer un appel à la population en disant que toute personne croyant être avoir une information qui permettrait de faire avance l’enquête, toute personne du quartier, par exemple, qui aurait vu quelque chose de suspect, vous êtes priés de nous contacter, en toute confidentialité, bien sûr.

                Paul a convoqué une réunion dans son bureau pour faire le point. Il y a là déjà Isabelle et Turgeon, Félix de son prénom, ainsi que Yannick, l’expert en informatique de l’équipe et finalement les agents Charles Gazaille et Victor Petitclerc, qui ne sont pas de l’équipe criminelle spécifiquement mais qui sont présents probablement parce qu’ils sont de service cette fin de semaine. Sans plus attendre Paul commence son exposé :
-Vous êtes au courant qu’il y a eu ce qui ressemble à un meurtre dans la mosquée de la ville. D’après les premiers examens le crime a eu lieu entre sept et huit heures. Malheureusement à cause des tergiversations de l’imam on n’a pas pu relever beaucoup de traces. Il y avait du sang sur une bonne partie de la scène du crime et ses environs. Le relevé d’empreintes n’a pas étant concluant, non plus. C’est un événement tout à fait nouveau pour plusieurs d’entre nous. Je vous dire que dans cette enquête nous avancerons souvent en terrain inconnu. Félix, je sais que demain est un jour de congé, mais j’aimerais bien que tu trouves tout ce que tu peux trouver sur Amir Mawami. On sait qu’il a in commerce, il faudrait explorer cette piste, ce qu’il vend, ses filières d’approvisionnement, sa clientèle, ses comptes. Quels ont été ses déplacements depuis deux ans, ses voyages d’affaires ? Quels sont ses associés ? Ses fournisseurs ? Yannick tu l’aideras en fouillant à fond ses ordinateurs. Il faudra aussi fouiller les ordinateurs de la mosquée et du Centre culturel. Je te signerai les mandats nécessaires. Et il y aussi la famille. Comment sont-ils arrivés ici ? Par quels chemins ? Pour quelles raisons ? Y a-t-il des antécédents judiciaires ? Il faut se renseigner sur les fils, et les filles, les écoles fréquentés, leurs emplois, leurs revenus, leurs réseaux d’amis. Toi Isabelle tu t’en occupes; prends Charles avec toi...  Ah oui, il faudrait aussi faire un appel auprès de tous ceux qui étaient là ce soir-là dans la mosquée. Je ne crois pas qu’on obtiendra quelque chose, mais les femmes qui sont en haut dans le balcon, peut-être l’une d’elles a vu quelque chose. C’est pour toi Roxanne. Il faudra aussi rendre visite aux maisons voisines. Est-ce que quelqu’un aurait vu quelque chose ?
                -Il y a aussi le fait que la mosquée est située devant les Galeries de la Rivière.
                -Chercher des témoins parmi les clients du Centre d’achat ? Ça s’est passé un vendredi soir… Ça fait beaucoup de monde qui va et vient, qui entre et sort. Mais bon, oui, on peut lancer un appel à la population… Pour l’instant il y a deux hypothèses : premièrement quelqu’un serait rentré par la porte d’en arrière avec possiblement l’intention de commettre un vol ou une agression. Mais comme il n’y a aucune trace d’infraction, il pourrait y avoir eu un complice qui a ouvert la porte de l’intérieur ou alors c’est que la porte était déjà ouverte.
                -Ou bien, cette personne a cogné et la victime lui a ouvert; donc, ils se connaissaient.
-Deuxième hypothèse : il s’agirait de quelqu’un qui était déjà dans la mosquée, quelqu’un qui assistait à la prière du vendredi, qui aurait vu sortir Amir Mawami et qui l’aurait suivi dans son bureau pour l’agresser, tout vraisemblablement avec une sorte de poignard ou de couteau. On peut supposer que Amir Mawami est parti tout bonnement dans son bureau comme il le faisait tous les vendredis pour compter l’argent et faire ses comptes et que son assassin l’attendait ou alors l’a suivi.
-Ou alors cette personne était déjà dans le bureau et l’attendait.
-Ou même caché dans un des locaux du Centre culturel.
-Il faudra vérifier si ces locaux demeurent verrouillés. En tout cas, ce qui est à peu près sûr, c’est qu’il n’a pas été surpris de le trouver là. Il le connaissait. Mais qui aurait quitté la « chapelle » après lui, c’est ce le témoignage des gens présents à la mosquée devraient nous aider à découvrir.
-En autant qu’ils ne cherchant pas à se protéger mutuellement…
-C’est vrai… Dans tous les cas, parce qu’il n’y a pas de trace de lutte, la victime connaissait son assassin. L’arme du crime, est probablement un long poignard d’environ dix centimètres. Il a été attaqué par en avant, comme s’il faisait face à son agresseur. Il ne semble pas s’être défendu. Il semble qu’il n’a pas crier non plus. Donc, oui autre indice qu’il connaissait son agresseur. Pour l’instant n’a pas retrouvé l’arme du crime. Quant au mobile, on nage ici aussi dans les suppositions. Le vol ? L’assassin serait alors retourné dans la chapelle son crime fait ? Je ne crois pas. Il y a la porte de secours au bout du couloir qui ne s’ouvre que de l’intérieur. Il a très bien pu s’esquiver le crime fait avec son butin, ni vu ni connu; le soir tombait, tout le monde était à l’intérieur. Il faut essayer de trouver si quelque chose a été volé. Et aussi trouver les états de comptes. Ou alors c’était prémédité : la vengeance, un affaire commerciale, ce serait relié au terrorisme international.
-On ne va pas un peu trop loin ?...
-On ne peut se permettre de négliger quelque piste que ce soit.

                Une fois tout le monde parti. Roxanne s’attarde dans la bureau de son père :
                -Alors, maintenant, vas-tu me dire ce qu’il y a ?
                -Quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
                -Je veux dire que tu n’es pas dans ton état normal ! Tu bourrasses tout le monde; tu n’as pas été très aimable avec Stéphanie Aubut, l’interprète qui nous sera indispensable; tu t’es débarrassé des conférences de presse, et cetera, et cetera…  Est-ce que tu t’es dispusté avec Juliette ?
                -Non, non, ça va très bien avec Juliette; c’est juste que… c’est tout ça ! Quand je suis entré dans la maison, j’ai vraiment eu l’impression de pénétrer dans un autre monde; il y avait des gens partout, une décoration ostentatoire, des odeurs si fortes, des cris, des hurlements, tout le monde qui parlait en même temps. Devant la veuve, c’était le défoulement total. C’est une communauté que je ne connais pas du tout, tu vois, je n’ai pas de repaire, je ne connais pas les codes. Il faut faire des interrogatoires par interprètes interposées, à quoi ça rime ? Tout est compliqué; c’est une communauté tissée serrée, qui va dire quoi ? Ils vont accuser l’un des leurs pour me faire plaisir ? J’ai l’impression de ne rien contrôler, de ne pas être maître de la situation; je suis un peu beaucoup dépassé….
-Mais, tu n’es pas seul; toute équipe est là avec toi !

-Et puis, il y autre chose… de personnel…

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